Les moyens de protections en sylviculture contre les dégâts de gibiers

21 Déc 2020

Article JC_elaf solutions

Les moyens de protections en sylviculture contre les dégâts de gibiers

Depuis 1850 les choses ont changées, les moyens de luttes contre les dégâts de gibiers ont évolués. Les surfaces boisées ont considérablement augmenté, nous pouvons dire qu’elles ont mêmes doublées. Nous sommes le pays d’Europe à avoir la plus grande surface boisée de feuillus.
Quant au gibier, il a nécessairement augmenté avec de plus en plus de surface et un accès facilité grâce aux interconnections des surfaces boisées.

Et les chasseurs alors ? Le nombre de permis de chasse en France est en continuelle baisse. En 1976, on comptait 2 219 051 permis contre 1 023 000 permis à ce jour.
Nous ne pouvons plus compter que sur les chasseurs pour la régulation des populations de gibiers.
Les différentes réintroductions de prédateurs posent un problème sociétal, le loup est sans doute l’un des problèmes majeurs pour les éleveurs, l’animal ne tue pas seulement des espèces sauvages mais s’attaque aux troupeaux qui sont beaucoup plus faciles à chasser.
De plus, le loup ne tue pas seulement pour se nourrir mais aussi pour le plaisir de tuer, il est chasseur et pas forcément consommateur.

Il est donc nécessaire de trouver des solutions pour assurer la protection des plantations sylvicoles face à l’augmentation des populations de cervidés, de lapins, de lièvres ou encore de sangliers.
Pour le sanglier, le souci est plutôt agricole que sylvicole, tant bien même que nous pourrons toujours trouver des sylviculteurs trouvant des dégâts plutôt dérangeant sur leur parcelle, ou encore se retrouvant nez à nez avec une laie et ses marcassins, dans ce cas mieux vaut ne pas rester dans le secteur au risque de se faire charger.
En revanche pour ce qui est des cervidés, le problème est bien plus important ; Une harde peut décimer plusieurs hectares de jeunes plants en seulement quelques semaines ! Réduisant à néant le travail d’une année voir plus. Donc la question des protections se pose à ce niveau ; en effet sans protection il y aura peu de chance d’avoir des plants avec une croissance normale et même de devoir constater leur dépérissement.

À ce stade, je vous ai parlé des problèmes, mais les solutions sont diverses et variés : 

Pour commencer nous avons des solutions de protections dites phytosanitaires tels que les répulsifs gibiers. Ces solutions désormais toutes de biocontrôle et ne polluent pas ou très peu l’environnement.

Petit point sur la définition de ce qu’est un produit phytosanitaire. Ce terme qui pour beaucoup est synonyme de produit toxique, nocif… est rejeté de manière dogmatique, voir diabolisé. En fait ce n’est pas un gros mot, mais simplement un mot appartenant au vocabulaire réglementaire. Il faut savoir que c’est l’usage d’un produit qui détermine en fait la règlementation qui lui est appliqué, ainsi une molécule protégeant les plants de par son odeur ou son goût de manière à éloigner des ravageurs sur des plantations est, du point de vue réglementaire, un produit phytosanitaire. Même s’il est « bio » – à base de substances naturelles – la réglementation le considère tout de même comme un produit phytosanitaire.

Or l’utilisation de produits phytosanitaires réservés pour les professionnels nécessite désormais d’avoir suivi une formation validée par un certificat officiel. Plusieurs types de Certiphytos existent : utilisateur, vente ou conseil.

L’acheteur doit détenir un Certiphyto de niveau décideur. Pour les applicateurs le certificat utilisateur suffit. Mais cela nécessite d’en être titulaire, or de moins en moins de sylviculteur ou d’ouvriers sylvicoles possède le Certiphyto, sans intégrer que certains gestionnaires sont passés au « zéro phyto ». Précisons aussi ici que l’utilisation de produits « grand public » – présence de la mention EAJ « Emploi Autorisé en Jardin » n’autorise pas leur emploi hors du domaine des jardins d’ornement et ne dispense pas les professionnels d’être titulaire d’un Certiphyto.

Les évolutions liées aux contraintes d’homologation des substances actives phytosanitaires au plan européen, ainsi que celles des produits au niveau des pays ont conduit à la disparition de nombreuses solutions. Le choix parmi les solutions disponibles se rétrécit de plus en plus…

Les produits sous la réglementation phytosanitaire
Protection gibiers (cervidés)

> TRICO (AMM 2120057)

Le principe actif est à base de graisse de mouton. Son odeur n’est pas très agréable si vous êtes sensible à l’odeur du mouton.
PHRASES DE RISQUE
EUH208 : Peut produire une réaction allergique
EUH401 : Respecter les instructions d’utilisation pour éviter les risques pour la santé humaine et l’environnement USAGES AUTORISÉS
Traitements généraux Répulsif Cervidés
Uniquement : maïs, tournesol, soja, colza. : à la dose de 15 L/ha.
Uniquement forêt/arbres à feuilles caduques, conifères : à la dose de 10-20 L/ha et limité à une seule application par an pour cet usage.
Uniquement vignes : à la dose de 10-15 L/ha et limité à deux applications par an et cela jusqu’au début de la floraison (stade BBCH 61).
Il est à noter que le TRICO à une ZNT (Zone de Non-Traitement par rapport au bord d’un cours d’eau) de 5 mètres.

> CERTASOL (AMM 2110195)

Le principe actif est à base de farine de sang de porc, son odeur est discrète et pas désagréable. En revanche utilisez le produit dans les 24 heures après préparation, car sinon il tourne. Ce qui prouve le naturel de cette solution.
PAS DE PHRASES DE RISQUE
Il est juste mentionné de porter des gants pendant la phase de mélange /chargement.
Traitements généraux Répulsif Cervidés
Arbres et arbustes forestiers, d’ornements et fruitiers : Application en badigeonnage, trempage ou pulvérisation.
Il est à noter que le CERTASOL n’a pas de ZNT (Zone de Non Traitement) ce qui est rassurant sur son innocuité face au risque de pollution de l’eau.
Il est à noter aussi qu’il est actuellement le seul répulsif homologué contre les lapins et lièvres pour la protection des plantes.

> STOP GIBIER PLUS (AMM 2110009)

 

Le principe actif est à base d’huile de poisson, pas de mauvaises odeurs particulières.
PHRASE DE RISQUE
EUH401 : Respecter les instructions d’utilisation pour éviter les risques pour la santé humaine et l’environnement Traitements généraux Répulsif Cervidés
PROTECTION CONTRE LE GIBIER * CERVIDES REPULSIF (PULVERISATION) 5 applications maximum par an en pulvérisation et 2 par badigeonnage. Les conditions d’utilisation de la préparation ne nécessitent pas de fixation de délai avant récolte particulier.
Il est à noter que le STOP GIBIERS PLUS a une ZNT (Zone de Non Traitement) de 5 mètres.

Voilà pour ce qui est des produits phytosanitaires… Maintenant intéressons-nous aux solutions non phytosanitaires.

Il existe de nombreuses personnes qui utilisent des solutions plus ou moins discutables…

La laine de mouton déposée sur la tige et le bourgeon. En effet la laine de mouton pourrait être une solution, mais elle est difficile à mettre en œuvre et peut conduire à la déformation des plants. Il faut savoir qu’il faut entourer les plants avec la laine et que lors de la croissance du plant il se peut que cet élément physique l’empêche de pousser correctement.

En outre, on peut s’interroger si d’un point de vue règlementaire, vu qu’elle agit par le goût et l’odeur elle n’est pas à considérer comme étant un produit phytosanitaire. De plus la laine contient des traces d’antibiotiques et d’insecticides chimiques destinés à protéger le mouton des maladies et de ses parasites.

Il y a aussi l’utilisation des cheveux humains Leur usage est maintenant aussi totalement interdit et à proscrire éthiquement. En effet le droit de propriété de son ADN est fondamental. Les cheveux s’envolent facilement et peuvent se retrouver dans un endroit non approprié. Imaginons si les cheveux et leur ADN se retrouvent sur une scène de crime ou d’autres délits, les enquêteurs induits en erreur irons chercher l’ancien propriétaire des cheveux. Des usages détournés des cheveux mis en libre accès sont aussi possibles ! gare aux risques et aux responsabilités de chacun.

Les autres solutions comme le grillage, métallique ou en plastique, manchons ou tubes en plastiques sont des éléments difficiles à mettre en place et trop souvent oubliés en forêt. Des polluants qu’il conviendrait de voir disparaître. Le coût de leur suivi et de leur élimination est rarement calculé dans le bilan prévisionnel.

Des cas de chevreuils éborgnés par des arbres de fer sont connus et même de personnes blessés par ces dispositifs.

Pourtant, il existe aussi des produits non phytosanitaires car agissant de façon mécanique.

Eh oui… pas de Certiphyto, pas de pollution, facile à utiliser… comme quoi tout arrive un jour !

Soyons innovants, il existe en effet un produit qui s’appelle ELAF-BOURGEON.

Une protection des bourgeons terminaux facile à appliquer de la fin d’été jusqu’aux premières périodes de gel. Valable pour les conifères comme pour les feuillus.
La plante sera protégée durant tout l’hiver et pourra rependre sa croissance au printemps suivant. Une petite révolution pour un produit qui d’après ses utilisateurs est plus efficace que les solutions phytosanitaires historiques, un comble, comme quoi phyto ne rime pas avec efficacité.

Maintenant à vous d’agir et de faire les bons choix.

Jean-Christophe CLUZEL et Christophe BRUA

 

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